samedi 22 novembre 2008

Merci à Bast


J'ai des nouvelles de Harry. Il va beaucoup mieux. Il a cessé de vomir et il reprend des forces. Merci à Bast d'écouter nos prières. L'encens et les bougies continuent de brûler devant son image.

Cette photo anonyme provient d'Internet

Quand à l'ami canin, il est comme moi : il n'a pas l'air trop malheureux mais il attend impatiemment le retour de son maître. Il traîne partout un pull que son maître lui a laissé avant de partir ; il retrouve dans ce pull l'odeur de son maître. Moi qui n'ai pas l'odorat si fin, en attendant de respirer son parfum sur lui-même, j'ouvre de temps à autre une jolie petite boîte bleue et j'y respire le parfum de celui que j'aime.

Comme le dit si bien l'amie qui me donne des nouvelles — et elle sait très bien de quoi elle parle car elle en a plusieurs chez elle — les animaux sont plein d'amour et de fidélité envers ceux qui les aiment. Certaines personnes devraient s'en inspirer.

mardi 18 novembre 2008

Prière à Bast

Nous, les humains, avons nos divinités ; certains ne veulent croire qu'en une seule, d'autres pas du tout. La plupart de ces divinités sont représentées sous forme humaine ; d'autres cependant sont représentées par des animaux ou par des choses. Chez les anciens Égyptiens, par exemple, les divinités peuvent apparaître sous la forme de bélier, de chacal, de chat, de chien et de la famille des canidés, de cobra, de crocodile, de faucon, de gazelle, de grenouille, de hérisson, de lion, d'oiseau, de scarabée, de serpent, de vautour, et de nombreuses autres formes animales.

Parmi ces divinités, il y a la déesse Bastet ou plus vraisemblablement Bast, représentée sous forme de chat, « protectrice des femmes et des enfants, détient le pouvoir magique qui stimule l'amour et l'« énergie charnelle », peut-on lire sur Wikipédia. On y lit également ceci : « Bastet est une déesse aux caractères antagonistes, douce et cruelle, elle est aussi attirante que dangereuse. Bastet est aussi le symbole de la féminité, la protectrice du foyer et la déesse de la maternité. Mais toujours en elle, sommeille le félin... »

S'il existe une divinité qui veille sur les chats, c'est bien Bast. C'est à titre que je l'invoque aujourd'hui, avec bougie et encens devant son image ; je n'ai pas la statuette, mais une image agrandie de celle ci :




Il y a lieu d'invoquer la déesse Bast pour veiller sur Harry dont les problèmes d'articulations causés par un cancer ont limité grandement les déplacements et les jeux depuis deux ans, sans affecter son humeur et sa capacité d'exprimer son affection.

Harry habite chez son maître depuis 13 ans, l'âge même qu'avait son maître au moment où ils sont devenus amis. C'est donc dire qu'il aura été pour son maître depuis 13 ans le fidèle ami de tous les instants, le témoin de son adolescence, de sa vie d'étudiant et de jeune adulte, le complice de tant de moments intenses, beaux ou tristes, compagnon de ses nuits de lecture ou de ses rêveries auprès du feu.

Cette photo anonyme provient d'Internet

Depuis deux jours, Harry ne va pas bien. Il est allé trois fois chez le vétérinaire en vingt-quatre heures. Le vétérinaire viendra ce mercredi matin l'examiner et, au besoin, lui faire une injection pour calmer les vomissements. Jamais son maître n'acceptera de voir souffrir son chat ; tant qu'il pourra lui maintenir une qualité de vie, sans douleur qu'il ne pourrait atténuer, il fera tout ce qui est possible. Les deux dernières visites chez le vétérinaire ont fait beaucoup de bien à Harry et, ce mardi soir, il avait pris du mieux. Hélas, son maître doit s'absenter durant une semaine, sans possibilité de reporter à plus tard cette longue absence qui le privera de l'affection de son chat et qui l'empêchera de veiller amoureusement sur lui. Heureusement, une très aimable voisine et amie accueillera Harry durant cette semaine et en donnera quotidiennement, par téléphone , des nouvelles à son maître ; évidemment, elle communiquera immédiatement avec le vétérinaire si l'état de santé devait s'aggraver.

En l'absence de son maître, je prendrai la relève pour demander à la déesse Bast de veiller sur Harry et de faire en sorte qu'il puisse continuer de faire le bonheur de son maître et de sa petite famille. J'ai devant moi une grande photo en noir et blanc sur laquelle on voit, en gros plan, Harry appuyé sur la poitrine de son maître, la tête posée sur son épaule ; il semble s'abandonner en toute confiance et, dans son regard qui me fixe en douceur, je peux lire : « Je compte sur toi pour m'aider à prolonger ce bonheur ! »



En 1985, Freddie Mercury avait dédié à tous les amis des chats du monde entier son premier album solo, « Mr Bad Guy ». En 1991, ce chanteur du groupe Queen a publié sur son album « Innuendo » une chanson intitulée « Delilah », dédiée à son propre chat ; dans cet enregistrement, son guitariste et lui se transforment en chats pour en imiter les miaulements. Ces chats ont tous un nom ; par exemple, le chat roux, c'est Oscar ; Delilha, c'est la chatte noir et blanc qui dort dans le panier rempli de linge ; le persan que Freddie Mercury embrasse sur le canapé, c'est Tiffany...


dimanche 16 novembre 2008

L'indispensable

L'image vient d'ici

« ... On s'habitue vite à être hypocrite avec soi-même et à croire que ce qui manque n'est pas indispensable. »
Dominique Fernandez, La Course à l'abîme

vendredi 7 novembre 2008

Tanguy


Puisque je le cite dans le billet précédent, aussi bien parler un peu ici de Michel del Castillo et, surtout, de son premier roman publié (en 1957, je crois), Tanguy, que je ne conseille pas à ceux qui cherchent de la littérature légère, de divertissement. Ce roman raconte la vie d'un petit garçon qui, pendant la guerre, abandonné par son père, manipulé par sa mère, connut les camps de concentration (entre 9 et 12 ans) ; il contient tellement d'horreurs qu'il est difficile de le lire sans pleurer à chaque page. Mais, comme il est écrit sur la quatrième de couverture de mon édition (Presses Pocket) : « ... C'est parce qu'il traversera toutes ces horreurs de la guerre et du monde des adultes avec un cœur d'enfant sans haine et sans amertume qu'il surmontera son désespoir et sera sauvé. »
J'en avais parlé une première fois en novembre 2005 et je me proposais d'en reparler ici depuis longtemps mais les livres de cet auteur ont tellement transformé ma vision des choses ces dernières années que je ne savais pas comment en parler, par quel bout l'aborder.
Au sujet de la réédition de 1994 de ce roman, Michel del Castillo écrit :
« Cette nouvelle édition d'un ouvrage que libraires et lecteurs ne cessaient de réclamer s'imposait plus encore après la parution de Rue des Archives, qui en éclaire les aspects cachés.
« Les deux ouvrages se répondent l'un l'autre. De Tanguy à Xavier, il y a toutefois plus que l'épaisseur d'une vie, il y a le vertige d'une horreur que je n'osais pas fixer, de peur de m'y abîmer. Premier roman de moi publié. Tanguy n'était pas ce cri du cœur que beaucoup voulurent y entendre. Il n'est pas le fruit de la nécessité biographique. Son modèle n'est pas le témoignage : il se trouve chez les auteurs que j'étudiais avec ferveur, notamment Dostoïevski.
« Je ne romançais pas ma vie, je biographisais le roman. C'est d'ailleurs sur ce point, l'exemplarité d'une enfance de guerre, de toutes les guerres, qu'insistait François Le Grix, mon mentor littéraire. C'est ainsi que les jeunes le lisent avec, dans leur tête, les images que la télévision leur assène. Aucun ne me demande si l'histoire est vraie, puisqu'elle se répète sous leurs yeux. Toujours et partout, du Rwanda à la Bosnie, du Viêt-Nam au Cambodge, ils reconnaissent le même enfant supplicié. »

Je ne cherche pas ce genre de littérature, habituellement ; pendant des années et des années, j'aurai été incapable de lire les livres de cet auteur, pas même Tanguy dont un ami m'avait recommandé la lecture il y a très longtemps. Bien que ce soit son premier roman, j'ai lu celui-ci une première fois il y a trois ans je crois, après avoir lu de nombreux autres livres de l'auteur. J'ai énormément pleuré en le lisant et, ces jours-ci, je suis en train de le relire et, en dépit de toutes les horreurs qu'on y trouve, je conserve le message d'espoir.
Je garde surtout une immense affection pour ce petit garçon, qui grandit peu à peu (il a maintenant 75 ans) ; et si je me suis tant attaché à lui c'est sans doute parce qu'il a traversé « toutes ces horreurs [...] avec un cœur d'enfant sans haine et sans amertume ». Il me rappelle en cela un autre cœur d'enfant, que je ne connaissais pas au moment de ma première lecture de ce roman, et qui, à le découvrir jour après jour, reste pour moi une constante source d'inspiration.

Aimer...


« ... Il ne se demandait pas "pourquoi" il l'aimait,
ni "
comment". Il l'aimait... »
Michel del Castillo, Tanguy