vendredi 20 novembre 2009

Poussière

« Parfois, des maisons et des choses
sont tellement tristes de sentir que,
par manque d'amour et de fierté, on les néglige.
Elles se recouvrent alors de poussière
pour qu'on ne les voit pas pleurer. »
Alexander

mercredi 18 novembre 2009

Ah ! comme la neige a neigé !

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.

Alexander avait découvert l'existence d'Émile Nelligan sur le blogue de B.éo, un jour où elle affichait ses lectures du moment.
Immédiatement, il avait commandé tout ce qu'il ait pu trouver de la poésie du poète québécois. Depuis son enfance, Alexander dévorait la poésie (ce qui était tout à fait naturel : il était lui-même la poésie). Il avait tout lu en une nuit et il m'avait envoyé plusieurs poèmes, ceux qu'il préférait. N'ayant pas trouvé dans son riche choix de poèmes celui du « Vaisseau d'or », je lui avais demandé s'il avait oublié ou rejeté celui-là. Non, ce poème n'était pas publié dans les recueils qu'il avait commandés. Il a cherché encore et il a commandé aussitôt d'autres poèmes de Nelligan.

Il aimait cette poésie et je peux comprendre aussi qu'il était très fier de découvrir un grand poète qui était plus près de moi puisqu'il avait grandi et vécu à Montréal. J'avais mentionné à Alexander que je passais assez régulièrement devant une maison de la rue Laval où le poète a vécu plusieurs années avec sa famille, et que je lui en enverrais des photos dès que je le pourrais. Dans ses dernières paroles, Alexander avait fait allusion à mes promenades quotidiennes, aux nombreuses photos que je prenais afin de pouvoir les lui envoyer. Puis il a parlé des images de la maison d'Émile Nelligan... C'est en parlant de ces images qu'il a prononcé ses derniers mots avant de fermer les yeux et de sombrer dans le silence : « ... Je demanderai à Alcib ».
C'est aujourd'hui l'anniversaire du décès d'Émile Nelligan, disparu le 18 novembre 1941. Alexander voudrait que je souligne aussi cette date.
Parmi les poèmes qu'il préférait, assez nombreux, Alexander avait choisi celui-ci :

Vieux piano

L'âme ne frémit plus chez ce vieil instrument ;
Son couvercle baissé lui donne un aspect sombre ;
Relégué du salon, il sommeille dans l'ombre
Ce misanthrope aigri de son isolement.

Je me souviens encor des nocturnes sans nombre
Que me jouait ma mère, et je songe, en pleurant,
À ces soirs d'autrefois - passés dans la pénombre,
Quand Liszt se disait triste et Beethoven mourant.

Ô vieux piano d'ébène, image de ma vie,
Comme toi du bonheur ma pauvre âme est ravie,
Il te manque une artiste, il me faut L'Idéal ;
Et pourtant là tu dors, ma seule joie au monde,

Qui donc fera renaître, ô détresse profonde,
De ton clavier funèbre un concert triomphal ?

mercredi 11 novembre 2009

Les joyaux de la couronne

Hier, le 10 novembre, l'un des principaux représentants de la Couronne britannique, celui qui occupe la première place dans l'ordre de succession au trône, le prince Charles, prince de Galles et duc de Cornouailles, entre autres, était de passage à Montéal. C'était un événement assez rare car aucun représentant de la monarchie britannique n'était venu à Montréal depuis 1976. Quelques centaines de personnes s'étaient réunies devant l'immeuble où devait arriver le prince Charles en fin d'après-midi afin de manifester contre l'existence de la monarchie au Québec et au Canada. D'autre part, il devait bien y avoir deux ou trois dizaines de personnes venues voir le prince Charles, certains par loyauté, d'autres par curiosité, quelques autres pour prendre des photos à titre de « Royal watchers ». Tout compte fait, il y avait énormément plus de policiers que d'admirateurs et de protestataires réunis.

Puisque le prince Charles devait arriver en fin d'après-midi à la caserne du régiment Black Watch, à deux pas de chez moi, j'avais décidé de m'y rendre, principalement parce qu'Alexander avait beaucoup de respect et d'admiration pour le prince Charles. Je sais qu'Alexander aurait aimé que je puisse lui dire que j'avais pu apercevoir son futur roi. Je raconterai peut-être dans un autre article ma longue attente pour apercevoir le couple royal (je ne sais pas si cela peut intéresser quelqu'un mais j'aurais plusieurs commentaires à faire au sujet de cet événement). Je suis cependant rentré chez moi en soirée, fatigué, ayant froid et faim, sans avoir pu apercevoir les Wales : le prince Charles est arrivé avec près d'une heure de retard et même après son arrivée, ce n'était pas clair s'il était arrivé ou pas. On a fait entrer le cortège par la ruelle et le prince Charles est entré par une porte de service à l'arrière de l'édifice. Rien de royal dans cette arrivée, si ce n'est l'omniprésence de policiers et la circulation automobile bloquée dans tout le quartier durant des heures.

La couronne qui m'occupe en ce moment, c'est ma couronne d'automne. J'ai été cueillir des feuilles il y a quelques semaines déjà mais je n'ai pas eu le temps encore de trouver ce qui manque pour la confectionner.

Le 11 novembre, c'est, selon les pays, le jour de l'Armistice, Memorial Day, Remembrance Day, le jour du Souvenir, pour rappeler la signature de l'Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale. Je pourrais dire que pour moi, désormais, chaque jour est un jour du souvenir, mais tout ce qui concerne Alexander ne relève pas du souvenir ; tout est tellement vivant, tellement présent à chaque instant.

Je me souviens cependant comme si c'était hier que le 11 novembre dernier, Alexander m'envoyait des photos de sa couronne d'automne. Il avait eu du mal à la confectionner car il ne lui était pas facile, l'automne dernier, d'aller au parc cueillir des feuilles comme il avait l'habitude de le faire. Celles qu'il avait rapportées à la maison lors d'une promenade, il les avait étalées sur le tapis du salon pour les faire sécher. Et Alexander, l'adorable bulldog, avait cru que ces feuilles étaient pour lui ; il s'était fait une vraie fête à jouer dans ces feuilles sans avoir à sortir de la maison. Devant la joie de son ami, comment Alexander aurait-il pu lui en vouloir ? C'est le bouledogue qui avait raison : même s'il a un très grand sens esthétique, il lui est plus naturel de prendre des feuilles mortes pour un terrain de jeu.



Mais Alexander était retourné au parc. Au retour d'un rendez-vous, il avait fait arrêter la voiture à l'entrée d'un parc et il avait ramassé les feuilles qu'il lui fallait. Il disait ne pas avoir réussi à faire la couronne qu'il aurait voulu confectionner. Personnellement, je la trouvais très belle, sa couronne. Et pour moi, les véritables joyaux de la couronne, ce sont ceux que contenaient sa couronne d'automne. Sur les feuilles séchées, entre les rubans choisis, Alexander avait inséré divers petits objets qui devaient évoquer son immense désir de venir à Montréal, au Québec. Il y a un ours, un orignal, un sapin, des feuilles d'érable, une petite « cabane au Canada » ; il y a aussi un rouge-gorge qui évoque son amour des oiseaux et qui est un clin d'oeil à Coco, la petite perruche qu'Alexander aimait aussi. J'aime la couronne pour ce qu'elle est et je l'aime davantage en sachant tout l'amour qu'y a mis Alexander.

Je disais l'automne dernier que je voudrais perpétuer cette tradition de couronnes (printemps, automne, Noël, etc.). Je trouve qu'en soi c'est une belle tradition et je considère que l'expression de mon intention de poursuivre la tradition est aussi une promesse à Alexander.

mardi 10 novembre 2009

10 novembre 324 av. J.-C.

Alexander aimait voyager dans le temps et les personnages du temps d'Alexandre le Grand, par exemple, avaient pour lui une réalité aussi actuelle que les pantins politiques actuels que l'on voit trop souvent dans les médias.

Si Alexander avait pu remonter le temps, il aurait très certainement voulu remonter au moins jusqu'à l'an 356 a. J.-C. Il aurait voulu renaître à Pella avec Héphaistion, fils d'Amyntas (on ne semble pas connaître la date exacte de sa naissance, certains le faisant naître exactement le même jour que son ami le plus cher, son compagnon qui fut sans doute pour lui ce que fut Achille pour Patrocle, un ami, un amant, Alexandre, fils de Philippe II, roi de Macédoine, né le 21 juillet).

Il aurait voulu accompagner Alexandre et Héphaistion lorsqu'ils déposèrent, en 334 av. J.-C., près de Troie, une gerbe de fleurs sur les tombes de deux autres amis-amants célèbres, Achille et Patrocle. Il était si fier que les cendres de ces deux amants soient réunies.

Il aurait surtout voulu être là, en 324 av. J.-C., quand Héphaistion fut pris d'une fièvre violente, qui pouvait être la typhoïde ou bien la malaria. Alexander aurait voulu être médecin à cette époque afin de sauver la vie de celui qui fut toujours son héros le plus cher, un modèle incomparable de dévouement et de fidélité. Avec ses connaissances actuelles il aurait certainement pu empêcher que la fièvre emporte Héphaistion, ce 10 novembre 324 av. J.-C. Il serait triste en ce jour anniversaire. Je le suis pour lui, doublement.

J'aurais tellement voulu, et je ne suis pas le seul, qu'Alexander puisse terminer la rédaction du livre qu'il préparait sur cette époque, sur son ami Héphaistion, surtout. Plusieurs fois, nous avons évoqué ensemble ce livre, ses recherches, sa correspondance avec des universitaires renommés afin de valider des renseignements recueillis. Je n'ai pas vu son manuscrit et nous avons aussi manqué de temps pour parler plus sérieusement de ce projet, mais Jane me disait que le manuscrit était déjà très avancé.

Il déplorait aussi que personne ne semble avoir songé à réunir les cendres d'Alexandre le Grand et de son fidèle Héphaistion.


Les cendres d'Héphaistion furent sans doute déposées dans une urne qui pouvait ressembler à celle-ci.

Maintenant qu'il est dans une dimension où le temps n'existe pas, sans début et sans fin, Alexander a très certainement retrouvé ceux qui, parmi les êtres qu'il aimait, l'ont précédé dans cette dimension. Il aura reconnu celle qui chantait à son petit ange de si douces berceuses, son père qui adorait son petit garçon, sa marraine qui l'encourageait à rester lui-même sans laisser ceux qui prétendent l'aimer essayer de le transformer ; il aura retrouvé Freddy, Tony, ... mais aussi quelques écrivains qu'il aimait tant, tout le cercle autour d'Alexandre le Grand, à qui il pourra reprocher d'avoir trop souvent fait pleurer Héphaistion et, avec celui-ci, il pourra se rassurer : il aura été à la hauteur de ses exigences en matière de dévouement, de loyauté, de fidélité, d'amour sans arrière-pensée.

lundi 9 novembre 2009

Un air de cornemuse



Ce lundi soir, en sortant du métro pour rentrer chez moi, j'ai entendu un air de cornemuse. J'ai d'abord pensé qu'on avait deviné mon arrivée et que l'on voulait saluer mon passage dans cette rue. Puis je me suis souvenu que nous étions le 9 novembre : demain, le 10, on accueillera dans ce lieu aux lourdes portes moyenâgeuses, à deux pas de chez moi, les « Wales », le prince Charles, prince de Galles et duc de Rothesay, et sa femme, Camilla Parker-Bowles, duchesse de Cornouailles.

Aurai-je l'occasion d'aller y agiter mon drapeau britannique, acheté récemment ?

Et si le prince de Galles reconnaissait en moi l'amoureux de l'un de ses plus fidèles admirateurs ?
Et s'il m'invitait à prendre le thé ?

Mythomane, moi ? Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

Ich bin ein Berliner*



Il y a vingt ans aujourd'hui, les Allemands de l'Est se libéraient de l'emprise soviétique et jetaient par terre le symbole du besoin des régimes communistes d'enfermer leurs citoyens afin de les protéger contre la liberté.

Combien y a-t-il en ce moment dans le monde d'autres « Murs de Berlin », d'autres murs de la honte ?

*« Je suis un Berlinois », mots tirés d'un célèbre discours de John F. Kennedy, prononcé à Berlin le 26 juin 1963.

samedi 7 novembre 2009

Où est passé Alex ?

L'ange gardien d'Alexander, comme il se doit, s'appelait Alex. Il avait depuis l'enfance développé avec lui une belle complicité. Malgré les coups durs que la vie lui avait fait connaître, Alexander gardait la foi et la confiance en son ange gardien, son ami Alex.


Il y a déjà plus d'un an, cependant, Alexander se demandait où était passé Alex. Il avait le sentiment que celui-ci l'avait abandonné au moment où il aurait eu justement besoin de lui. Je voulais croire et je m'efforçais de l'encourager à croire que son ami Alex, bien que silencieux, ne l'avait sans doute pas abandonné, mais qu'il travaillait fort pour l'aider à surmonter les épreuves nouvelles.


Un jour, il crut reconnaître Alex dans cet ange aperçu sur des images que je lui envoyais du parc Jeanne-Mance, du mont Royal. Très gentiment comme tout ce que faisait Alexander (sauf lorsqu'on était de mauvaise foi et qu'on abusait de son immense bonté), il l'implora alors de rentrer vite à la maison car il avait vraiment besoin de lui. Alex sut-il l'entendre ? On ne le sait pas. S'il revint vers Alexander, il resta très discret car Alexander ne sentit pas son aide.


Quant à cet ange qu'il crut reconnaître dans ce parc de Montréal, il fut très vite évident qu'il ne s'agissait pas d'Alex ; ce serait plutôt Alexandra.

Il y a aujourd'hui quatre mois qu'Alexander est reparti sur son Étoile, dans le voisinage de notre Lune. Il me manque terriblement ! Son absence n'est pas plus facile à accepter aujourd'hui qu'elle l'était il y a un mois, il y a trois ou quatre mois. La seule consolation que je puisse trouver, c'est que mon ange gardien, j'en suis de plus en plus certain, s'appelle désormais Alexander.

mercredi 4 novembre 2009

mardi 3 novembre 2009

Ciel étoilé

En début de soirée, je suis descendu du métro pour rentrer chez moi et, encore une fois, j'ai aperçu la lune, magnifique, dans le ciel. Depuis quelques jours, je la trouve fascinante, hypnotisante.

J'étais fatigué, il n'y avait rien d'intéressant dans le courrier, l'appartement était sans âme, j'avais faim ; je suis donc ressorti pour aller manger une pizza. Je marchais le nez en l'air car je ne pouvais pas quitter des yeux la lune qui était presque au-dessus de ma tête. Le ciel était aussi d'un bleu rarement vu, du moins quand on est au centre-ville. Je pensais à Alexander, pour qui la lune, notre Lune, était à la fois un personnage, une amie, une confidente, presque une divinité, une messagère précieuse. Un peu plus tôt, dans un message qu'il m'adressait, Alistair disait qu'il aime aussi beaucoup la lune (il est un véritable ami d'Alexander), qu'il est toujours très ému lorsqu'il l'aperçoit dans le ciel ; il aime son mystère...

Et contrairement aux derniers mois où il m'est arrivé souvent d'apercevoir une seule étoile, j'ai vu dans ce ciel de velours d'un bleu que je ne saurais pas nommer précisément (et je refuse de donner un nom à ce bleu seulement pour donner un nom s'il ne correspond pas à la couleur précise), de nombreuses étoiles. Il y avait très longtemps que je n'avais vu à Montréal autant d'étoiles. Ce n'est pas leur nombre qui m'a surpris, mais la pureté du ciel et la luminosité des étoiles. Je me suis dit qu'Alexander était vraiment en bonne compagnie et qu'il tenait à le faire savoir à ceux pour qui c'est important.

Ce n'était pas vraiment une pluie d'étoiles. Mais en matière de pluie, notre préférée à Alexander et moi, restera toujours celle-ci :


lundi 2 novembre 2009

Vous souvenez-vous de nous ?

L'image vient d'ici

...
L'enfant dont la mort cruelle
Vient de vider le berceau,
Qui tomba de la mamelle
Au lit glacé du tombeau ;
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière :
Vous qui voyez la lumière,
Vous souvenez-vous de nous ?

Ah! vous pleurer est le bonheur suprême,
Mânes chéris de quiconque a des pleurs !
Vous oublier c'est s'oublier soi-même :
N'êtes-vous pas un débris de nos coeurs ?

Alphonse de Lamartine


Après l'Halloween et la Toussaint vient le jour de la commémoration des défunts.

Nous n'avons pas besoin d'une journée particulière pour se souvenir de ceux que nous aimons mais en ce jour précis, il convient de penser à ceux qui nous ont quittés.

Alexander est toujours, à chaque instant, dans mes pensées, dans mon coeur, dans ma chair, dans mon âme. Où que je sois, quoi que je fasse, il m'accompagne ; mieux : il vit en moi.

Pour souligner cette journée particulière, Jane s'est rendue chez Charles, le frère d'Alexander, où une cérémonie aura lieu pour se souvenir d'Alexander, bien sûr, et de toutes les personnes aimées trop tôt disparues.

J'y serai présent de tout mon coeur, de toute mon âme. J'y serai concrètement puisque Jane a eu la très délicate attention de commander en mon nom, en même temps que les roses qu'elle commandait en son nom, un arrangement de roses roses en forme de coeur. Elle y aura ajouté un petit renard, celui qui s'est fait apprivoiser par le Petit Prince.


En rentrant chez moi, en fin de journée, je passerai aussi chez le fleuriste pour y choisir d'autres roses roses, celles qu'aimait Alexander. Elle viendront accompagner, autour des images de celui que j'aime et de quelques objets auxquels il est intimement associé, les bougies que tous les soirs j'allume parce qu'elles représentent le feu, qui symbolise la lumière, la passion, l'esprit, la connaissance, mais aussi la purification, la régénération.

dimanche 1 novembre 2009

Une confusion toute sainte


Samedi après-midi, je parlais au téléphone avec un ami québécois francophile. Il m'a parlé des fêtes actuelles : Halloween, la Toussaint.

Cet ami sait bien ce qu'est Halloween ; il est l'un des amis qui avaient insisté, il y a plusieurs années, pour que je me costume et que je me joigne à eux comme je l'ai mentionné dans l'article précédent.

Mais au sujet de la Toussaint, je constate qu'il perpétue la confusion bien répandue en France entre la fête de tous les saints et la commémoration des fidèles défunts.

Alors que le premier novembre est la fête « au cours de laquelle sont honorés l'ensemble des saints reconnus par l'Église catholique », la commémoration des fidèles défunts est officiellement célébrée le deux novembre.

Toutefois, puisqu'en France la Toussaint est un jour férié et que la commémoration des défunts ne l'est pas, les Français ont pris l'habitude, le premier novembre, en profitant du jour de congé, de se rendre au cimetière pour fleurir la tombe de leurs chers disparus. Cette habitude a pour effet d'escamoter la fête du deux novembre et d'enlever son sens à la Toussaint.

samedi 31 octobre 2009

Halloween


Qui, parmi vous, aura célébré Halloween ?

Enfant, je ne me souviens pas vraiment m'être costumé pour aller de porte en porte demander des bonbons ; j'ai dû le faire au moins une fois ou deux mais je n'en ai pas gardé le souvenir. Adulte, il m'est arrivé une fois de me costumer et d'accompagner des amis qui insistaient pour que je participe à une grande fête. Je dois dire que je m'étais beaucoup amusé. Mon personnage intriguait : les gens voulaient savoir qui se cachait derrière le masque qui ressemblait à celui de Léo Ferré, avec de longs cheveux blancs. J'avais ajouté une pipe. Sous mon costume de ville noir, un peu trop grand, avec chemise blanche et cravate, je faisais un beau vieux philosophe avec un air coquin... C'était... il y a longtemps. Récemment, je parlais à quelqu'un que je croise dans le quartier depuis des années sans savoir exactement qui il est ; nous nous sommes présentés. Quand il m'a donné le nom de la rue qu'il habite, je lui ai mentionné qu'avec des amis, nous étions allés terminer la fête chez quelqu'un qui habitait cette rue. « Ah, vous étiez là ? », m'a-t-il demandé. C'était donc chez lui que la fête s'était terminée. J'aurais été incapable de le reconnaître.

Depuis deux ou trois jours, on croise dans les rues du quartier, le soir et la nuit surtout, beaucoup de jeunes et de moins jeunes costumés, certains avec beaucoup d'imagination et d'habileté. Je crois que la majorité sont des étudiants pour qui toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête.

Alexander a toujours aimé Halloween. Enfant déjà, il aimait préparer les décorations, découper dans du papier les fantômes, les sorcières, les chats noirs, creuser les citrouilles pour y mettre les bougies. Pour les enfants, comme pour les grands, la préparation fait déjà partie de la fête. Il a souvent célébré cette fête avec son frère Charles chez Jane, à la campagne.

L'an dernier, il avait très généreusement décoré son appartement, avec les citrouilles et les bougies, évidemment, les innombrables toiles d'araignées, les nombreuses silhouettes noires, etc. Il avait planifié un repas de circonstance et prévu les costumes, y compris pour Alexander bull. Il devait faire la fête avec Abigail, sa voisine et amie. Hélas, il est entré à l'hôpital la veille. Abigail aura beaucoup pleuré ; elle sera tout de même allée allumer toutes les bougies de l'appartement et de la terrasse. Cette année, pour ne pas sentir trop douloureusement la solitude, l'absence de son merveilleux petit voisin, Abigail est partie chez ses enfants ; elle fêtera Halloween avec eux et ses petits enfants.

Même si le coeur n'y est pas, Jane aura organisé chez elle une fête pour les enfants du village. Plusieurs d'entre eux sont venus quelques jours plus tôt pour aider à décorer la salle. Même Alexander bull aura son costume. Jane lui a fait confectionner une jolie cape noire doublée de rouge, qu'il portera avec des cornes rouges. Ce chien a vraiment le sens de la fête.

Quelqu'un venu pour voir les chevaux a été séduit par Alexander bull et a proposé de l'acheter. En l'absence de Jane, un palefrenier lui a répondu que ce chien n'était pas à vendre ; il a insisté en disant qu'il était prêt à offrir un bon prix. Le palefrenier lui a répété que ce chien ne serait jamais à vendre. Heureusement pour lui, sans doute, le « client » n'a pas eu l'occasion de faire directement à Jane cette proposition car je ne sais pas quelle réponse il aurait reçu. Vouloir acheter Alexander bull, c'est comme si quelqu'un venait chez vous et voulait acheter votre fils préféré. J'ai moi-même été très choqué d'apprendre cette histoire. Heureusement qu'Alexander bull n'a pas entendu cette proposition malhonnête car il aurait été malade... ou très en colère.

Quand il est allé chercher Alexander bull chez son éleveur, Alexander avait créé un blogue pour parler de son ami, pour raconter son évolution. Entre eux, c'était une profonde amitié, mais une amitié passionnée. Un jour, Alexander a découvert que l'on utilisait ses photos sur d'autres sites, sans indiquer la provenance des images. Il a décidé de fermer le blogue quand il a vu que non seulement on utilisait ses photos mais qu'en plus son ami Alexander bull était présenté comme une fille. « Je n'ai pas raconté cette histoire à Alexander bull, disait-il, car vraiment il aurait été malade. »

Quant à moi, je ne me suis pas costumé. J'ai plutôt accepté l'invitation d'un ami, Marcel Pomerlo, qui a signé la mise en scène d'un spectacle écrit et interprété par Catherine Dajczman, « PASSAGES », à l'Espace Go. C'est une production du Théâtre NU.

Voici ce qu'écrit dans le programme Marcel Pomerlo, comédien, auteur, au sujet du récit qu'il a mis en scène :
« Où vas-tu avec ton chagrin, ton passé, tes espoirs, ta violence et tes secrets ?
Où allons-nous ? Qui sommes-nous véritablement ? Que cherchons-nous ?
Et à quoi rêve-t-on ?
PASSAGES de Catherine Dajczman raconte une histoire.
PASSAGES pose toutes ces questions.
Avec ludisme, humour, souffle, folie, gravité, lucidité, audace, fébrilité et sensibilité... PASSAGES nous remet en question. »


Je suis en effet sorti de ce spectacle avec des questions, de bonnes questions, pas forcément des réponses. Dans son ensemble, ce récit de Catherine Dajczman, à caractère autobiographique, m'a rappelé un très beau spectacle écrit et interprété par Marcel Pomerlo, L'Inoublié.

La Lune était magnifique ! Très impressionnante dans le ciel de nuit, elle devait souvent percer de gros nuages. Même derrière les nuages, sa présence était bien sensible. C'est une véritable nuit d'automne et l'on ne serait pas surpris de voir sortir les loups-garous. Alexander serait heureux. J'espère qu'il l'est.

dimanche 25 octobre 2009

Ce kilt arrive


Si je vous disais que j'ai pris moi-même cette photo à Montréal, vous ne me croiriez probablement pas et vous auriez raison. Elle pourrait toutefois avoir été prise à Montréal aussi car si on ne rencontre pas très souvent des hommes, jeunes ou plus âgés, portant le kilt, il y e n a tout de même qui le portent. Il y a eu à Montréal une très grande population d'origine écossaise, et j'imagine qu'à certaines occasions, il doit y en avoir qui voudront porter le costume traditionnel. Il y a près de chez moi une caserne militaire et j'entends souvent, l'été quand les fenêtres sont ouvertes, qu'on y joue de la cornemuse ; il m'arrive, lorsque je passe par là, de croiser des jeunes hommes appartenant au Black Watch, Royal Highland Regiment of Canada et qui portent le kilt.

Alexander aimait la cornemuse et le kilt. Il n'avait pas chez lui l'instrument à vent, mais il possédait quelques kilts qu'il aimait porter quand l'occasion se présentait. Il m'a parlé notamment d'un grand mariage qui a eu lieu à Londres, auquel il était invité et où la plupart des hommes, je crois, portaient le kilt.

Puisque j'aime la cornemuse, il se demandait si j'aimerais le voir porter le kilt. Bien sûr, je lui avais répondu que j'en serais ravi. Il m'avait promis qu'il allait inscrire le kilt sur sa liste de vêtements à mettre dans ses valises lorsqu'il viendrait à Montréal. Cette liste évoluait sans cesse, mais elle existait depuis très longtemps ; pour lui comme pour moi, elle symbolisait son très grand désir de venir à Montréal dès qu'il le pourrait. J'avais très hâte d'aller l'accueillir à l'aéroport.

* * *

Ces derniers jours, j'ai cherché à Montréal de petits objets à l'image de Londres, de l'Angleterre, comme les objets souvenirs que l'on rapporte de voyage (porte-clés ou autres) ; je voulais les utiliser dans un projet que je veux réaliser. J'ai pu trouver un drapeau britannique d'assez bonnes dimensions, mais je veux encore d'autre petits trucs, que ce soit des autocollants, ou de petits objets en métal, en plastique, peu importe... Si quelqu'un connaît des boutiques où l'on peut trouver, à Montréal, des objets du genre, je vous remercie de m'indiquer leur adresse.

Surprise ce soir : en ouvrant la télévision, j'ai entendu l'animateur annoncer que dans les prochaines minutes il recevrait le groupe de musiciens de Berlin, Tokio Hotel. Évidemment, j'étais très curieux de les voir en entrevue, faire la promotion de leur plus récent disque. Alexander aimait beaucoup ce groupe, sa grand-mère également car elle possède tous leurs dvd qu'elle écoute réellement. Souvent nous avons écouté ensemble, Alexander et moi, leur musique sur YouTube (chez lui, il écoutait ses disques ou ses dvd, et ses mp3 la nuit ou à l'extérieur, mais avec YouTube, nous pouvions écouter le même morceau au même moment).

mercredi 21 octobre 2009

Cruauté envers animal


J'ai lu il y a quelques jours une nouvelle très triste qui aurait fait très mal à Alexander. Je sais qu'il y a régulièrement, partout dans le monde, des drames qui causent la mort de dizaines, de centaines de personnes, mais il y a tout de même quelque chose de révoltant là apprendre la mort inutile d'un animal, lorsqu'elle est causée par un être humain. Les animaux ne font pas de mal aux humains, du moins pas inutilement. C'est vrai que les victimes d'actes terroristes n'ont pas forcément fait de mal non plus, mais je suppose que les terroristes se disent : « Si ce n'est pas lui (qui a fait le mal), c'est son frère ». Ce n'est évidemment pas plus acceptable. Mais les humains sont ainsi : ils aiment s'entretuer et ils sont « libres » de le faire. Mais les animaux ne jouent pas selon les mêmes règles et ont doit les protéger contre la bêtise et la cruauté des humains.

La nouvelle qui a retenu mon attention c'est que cinq adolescents ont poursuivi en voiture, sur une distance de sept kilomètres, un orignal (élan d'Amérique), sur un chemin dans une forêt. L'orignal est mort d'épuisement au bout de la poursuite.

L'orignal n'a pas de vision latérale, ce qui explique que l'orignal ait poursuivi sa course droit devant lui, sur le chemin emprunté par la voiture des adolescents, au lieu de quitter le chemin pour se réfugier dans la forêt. De plus, l'animal est très vulnérable à la poursuite car il n'est pas fait pour la course.

Deux des cinq jeunes occupants ont été inculpés : « le conducteur et le passager avant. Le premier pour la conduite du véhicule lors de l’infraction, le second pour complicité et incitation. »

S'ils sont reconnus coupables, ils pourraient écoper d’un minimum de 5000 $ d’amende et d’une suspension de leur permis de chasse pendant deux ans. Alexander dirait que ce n'est pas encore assez et que les permis de chasse ne devraient exister pour personne de toute façon.

L'acte de cruauté perpétré par les adolescents ne relève pas du code criminel mais une loi québécoise interdit de poursuivre un animal avec un véhicule.

On ne dévoile pas l'âge des adolescents mais si on ne les accuse pas d'avoir conduit un véhicule sans permis, c'est qu'ils sont âgés d'au moins seize ans. C'est un âge où, si l'on ignore encore la loi, on devrait au moins faire preuve d'un peu de jugement.

vendredi 16 octobre 2009

Mais lui...

Moi, je sais ce que je sens, ce que je vis, ce que je pense, mais lui, que sait-il, que voit-il, comment perçoit-il ce que je vis, ce que ressentent ceux qui l'aiment ?

Dans un message qu'il m'écrit ce matin (jeudi), Alistair, un ami d'Alexander qu'il a connu à l'école il y a déjà treize ans, m'écrit avoir lu récemment que si le corps s'éteint, l'esprit est éternel, qu'il poursuit son existence sans le poids de son écorce terrestre. Puisque personne n'est jamais venu nous dire que c'est ce qui se passe vraiment, il s'agit là d'une croyance et celle-là vaut bien toutes les autres. Il est doux de croire qu'il en est ainsi, ajoute Alistair. C'est aussi ce que je crois.

mercredi 7 octobre 2009

L'Aiglon et moi

Dès les premières années de son enfance, Alexander était amoureux du duc de Reichstadt ou, plus précisément, de « Napoléon François Charles Joseph Bonaparte, prince impérial de France et prince de Parme, titré roi de Rome puis Napoléon II et duc de Reichstadt », dit l'Aiglon (titre posthume). Cela n'avait rien de politique : Alexander trouvait beau ce jeune homme, mort à 21 ans. Je dois dire que je le trouvais beau aussi. Je ne retrouve plus le portrait que je connaissais de lui qui m'avait séduit, que j'avais dû trouver dans un dictionnaire ou une encyclopédie car les livres étaient très rares chez moi, contrairement à Alexander qui avait accès à la bibliothèque paternelle et qui avait du maître des lieux la permission de lire tout ce qu'il était capable de lire. Je ne retrouve plus ce portrait, mais je me souviens que, très jeune aussi, je m'étais intéressé à ce fils de Napoléon, non pas à cause de son père ou de son histoire mais à cause de la beauté du jeune homme. Je suis toutefois conscient que s'il avait été fils du boulanger ou du cordonnier, je n'aurais jamais vu son portrait et j'ignorerais même son existence.


Je ne sais pas exactement l'âge que devait avoir Alexander, je dirais entre quatre et six ans, lorsqu'il a annoncé à son frère Charles que lorsqu'il serait grand, il se marierait avec l'Aiglon. Charles n'oubliait pas son rôle de frère aîné qui devait contribuer à l'éducation du petit Alexander : « Tu ne peux pas te marier avec l'Aiglon ; c'est un garçon ! » « Et alors ? », demanda Alexander. Très tôt, Alexander savait ce qu'il aimait et ce qu'il voulait.


« Mon coeur, je ne l'ai pas donné souvent, mais quand je le donne, c'est pour toujours », m'écrivait Alexander au printemps 2008. Pas un instant je n'ai douté qu'Alexander était parfaitement sincère et j'étais persuadé déjà qu'il ne revenait jamais sur ses engagements. Une promesse, un engagement, c'était sacré. Les amoureux élus par Alexander n'ont pas été très nombreux. L'Aiglon a été le premier et j'aurai été le dernier. Avant moi, il y a eu Héphaistion, à qui il aura été fidèle jusqu'au dernier instant, comme Héphaistion le fut envers Alexandre, de l'enfance jusqu'aux dernières conquêtes de l'empereur. Il aura aimé d'autres personnes et ces personnes, je les aime aussi, mais jamais, j'en suis persuadé, il n'aura aimé quelqu'un comme il m'a aimé. Et jamais je n'aurai aimé quelqu'un comme je l'ai aimé, comme je l'aime, comme je l'aimerai toujours.


Il y a quelques mois, nous avions longuement parlé de son amour pour l'Aiglon. Il ne s'agissait pas d'un amour comme celui qu'il a toujours eu pour le Petit Prince, mais jamais il n'avait oublié ce premier amour, qui avait sa place d'honneur chez lui comme dans son coeur. Il devait m'envoyer des photos du portrait qu'il possédait chez lui mais un incident l'avait empêché de le faire au moment où il devait le faire ; il en était très malheureux car il n'était pas en mesure de respecter ce qu'il considérait comme une promesse. Il y a un certain nombre de choses qu'il n'a pas eu le temps de m'envoyer ; le seul fait qu'il y ait pensé est pour moi un grand bonheur. Ils ne sont pas très nombreux les portraits de l'Aiglon ; j'imagine qu'Alexander avait chez lui l'un de ceux que l'on peut trouver dans des musées ou dans des livres. Alexander connaissait pratiquement par coeur cette pièce d'Edmond Rostand, qu'il avait vue au théâtre plus d'une fois, notamment à Paris où sa grand-mère, sachant toujours comment lui faire plaisir, l'avait accompagné il y a quelques années. Il aimait particulièrement le poème que l'on retrouve à la fin de l'Aiglon, qu'il récitait par coeur, en mettant l'accent sur les dernières lignes, celles-là mêmes que citait Jane le 7 juillet dernier :

Dans la Crypte des Capucins, à Vienne.

_ Et maintenant il faut que Ton Altesse dorme,
-- Âme pour qui la Mort est une guérison, --
Dorme, au fond du caveau, dans la double prison
De son cercueil de bronze et de cet uniforme.

Qu'un vain paperassier cherche, gratte, et s'informe;
Même quand il a tort, le poète a raison.
Mes vers peuvent périr, mais, sur son horizon,
Wagram verra toujours monter ta blanche forme!

Dors. Ce n'est pas toujours la Légende qui ment.
Un rêve est moins trompeur, parfois, qu'un document.
Dors; tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.

Les cercueils sont nombreux, les caveaux sont étroits,
Et cette cave a l'air d'un débarras de rois...
Dors dans le coin, à droite, où la lumière est grise.

Dors dans cet endroit pauvre où les archiducs blonds
Sont vêtus d'un airain que le Temps vert-de-grise.
On dirait qu'un départ dont l'instant s'éternise
Encombre les couloirs de bagages oblongs.

Des touristes anglais traînent là leurs talons,
Puis ils vont voir, plus loin, ton coeur, dans une église.
Dors, tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.
Dors, tu fus ce martyr; du moins, nous le voulons.

... Un capucin pressé d'expédier son monde
Frappe avec une clef sur ton cercueil qui gronde,
Dit un nom, une date -- et passe, en abrégeant...

Dors! mais rêve en dormant que l'on t'a fait revivre,
Et que, laissant ton corps dans son cercueil de cuivre,
J'ai pu voler ton coeur dans son urne d'argent.



Dans quelques heures, il y aura trois mois, Alexander, que tu es reparti « sur la Lune » comme tu le disais si tendrement (je sais bien que derrière cette poésie, il y avait une angoisse car tant de personnes aimées ont fait le voyage avant toi). « Si un jour je devais partir sur la Lune, disais-tu, tu n'auras qu'à regarder le ciel, la nuit, et tu me verras en train de t'envoyer des baisers... » Je te répondais toujours que je préférais recevoir et te donner des baisers sur la Terre... Quand je serai parti à mon tour, je ne sais pas s'il restera quelqu'un pour comprendre ce que nous avons vécu, ce que, malgré ton départ, nous continuons de vivre. Si, dans quelques années, quelqu'un tombe sur ces pages, je ne sais pas ce qu'il en pensera... Comme tu me le disais souvent toi-même, « il n'y a que toi à qui je puisse dire certaines choses, que toi qui puisses me comprendre » (je sais bien, et tu le savais aussi, que d'autres personnes, des anges dans ta vie, pouvaient aussi te comprendre mais, dans certains cas, tu ne voulais pas leur faire de peine en leur racontant les tiennes). Je sais bien qu'en regardant vivre l'enfant que, grâce à toi, j'ai retrouvé en moi, « les grandes personnes » me trouveront parfois bien bizarre ; je m'en fiche : je sais maintenant où se trouve l'essentiel... Chaque nuit je regarde le ciel ; j'y cherche la Lune, « notre » Lune, et ses étoiles. Je ne les vois pas toujours, mais je sais que tu es là. Je t'aime et je t'aimerai toujours.

mardi 22 septembre 2009

J'étais si près de toi, Alexander

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée de ton plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.


Paul Éluard, Oeuvres complètes, vol. II, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968.

lundi 7 septembre 2009

Qu'allons-nous devenir ?


Dans l'un de ses plus récents messages, Jane me rappelle que lorsqu'elle m'a téléphoné, le 7 juillet dernier, pour m'annoncer que notre adorable Petit Prince venait de s'éteindre en douceur, je lui ai aussitôt répondu : « Mais, Jane, qu'allons-nous devenir ? » Je me souviens très bien avoir prononcé ces mots et je me souviens très bien que Jane m'a répondu, aussi angoissée que moi, qu'elle ne le savait pas. Deux mois plus tard exactement, je ne le sais pas encore, nous ne le savons toujours pas.
Je sais bien que les « grandes personnes », avec leur chirurgicale rationalité, diraient qu'« il faut prendre sur soi et passer à autre chose ». C'est facile à dire pour les grandes personnes à dominante rationnelle ; je sais être rationnel lorsqu'il le faut, mais je ne suis pas certain de vouloir ressembler à ces grandes personnes pour qui tout semble toujours tellement simple du moment qu'on y a pensé froidement. On ne peut pas avoir aimé Alexander et en avoir été aimé sans un important engagement émotionnel, à forte dominante fusionnelle. Dès lors, on ne tourne pas facilement la page pour passer à autre chose. Je n'ai pas encore le goût de la banalité. Je ne sais toujours pas que faire de mon chagrin.

samedi 5 septembre 2009

Il me manque aussi



En relisant les premiers messages que m'envoyait Alexander, en avril 2008, je tombe sur cette image qui n'est pas exactement celle de son ami Alexander mais qui est celle, trouvée sur Internet, qui lui ressemblait le plus. Je sais que pour Alexander son choix était clair depuis le moment où il a souhaité avoir un chien ; il a lu tout ce qu'il pouvait trouver sur les chiens afin de s'assurer qu'il faisait vraiment le bon choix, mais il était si naturel que son chien soit l'un des plus célèbres emblèmes de son pays qu'il aimait tant.

En faisant abstraction de toute considération intellectuelle, comment ne pas fondre devant ce regard tendre ? J'ai fondu aussi et, depuis, je cherche à approcher tous les bouledogues anglais que je rencontre. Il n'y en a pas tellement à Montréal, mais je suis reconnaissant aux amis de ceux que je rencontre de me laisser les approcher. Même adultes, ils conservent ce regard plein de tendresse. La peau de leur tête, lâche et finement ridée, est si agréable à toucher ; le contraste de la peau du visage est si grand avec la force athlétique de sa musculation, sous une robe d'une texture lisse, fine, soyeuse.


Tous ceux que j'ai rencontrés m'ont semblé prêts à m'accepter comme ami. Ils comprennent que je les aime même s'ils sentent que celui que j'aime vraiment est loin de moi, chez Jane, une très bonne amie, heureusement, car je peux avoir de ses nouvelles très souvent. Je me demande comment Abigail, qui le voyait tous les jours, qui s'en occupait très souvent, peut supporter son éloignement. Il est vrai que nous ne supportons pas davantage l'absence de son meilleur ami.

Les mots d'Alexander qui me parlait de lui me manquent tellement aussi !


vendredi 4 septembre 2009

Pour saluer Éric C.

Cette photo d'Éric vient d'ici

Pour un certain nombre de personnes, l'été, si recherché par la plupart des gens, du moins par la plupart des Européens et des Nord-américains, est difficile à vivre. Il l'a souvent été pour moi ; il l'était pour Alexander et pour quelques amis (c'est peut-être quelque chose qui nous réunit : la hantise des grandes chaleurs, de la canicule, mais aussi le temps des grandes dispersions, chacun partant de son côté, du moins ceux qui peuvent se le permettre, alors que les autres restent sur place et se débrouillent avec ce qui reste en ville). Je sais que pour certaines personnes, c'est la saison de la grande solitude... Je ne suis jamais fâché de voir arriver le mois de septembre : on dirait qu'avec un peu de fraîcheur, les gens retrouvent leurs neurones et la vie reprend.

Je m'inquiétais de ne plus avoir, depuis quelques semaines, de nouvelles d'un ami parisien. Notre dernière conversation sur MSN remontait au trois août dernier. Il ne m'avait pourtant pas parlé de vacances en août et je savais qu'il devait aller en Bretagne vers la fin du mois de septembre et il me semblait anticiper avec joie ce séjour chez des amis.

J'ai connu Éric par le biais d'Internet, en même temps que plusieurs autres personnes, à l'été 2000, il y a donc plus de neuf ans. Nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne mais nous avons eu quelques conversations téléphoniques et de nombreuses communications sur MSN, surtout depuis janvier 2008. Même si nous étions parfois quelques mois sans communiquer l'un avec l'autre, j'ai toujours eu l'impression qu'Éric faisait partie de ma famille, la famille choisie.

Depuis le printemps dernier, Éric était très heureux de ce nous vivions, Alexander et moi. Il était le seul, depuis l'automne jusqu'en juillet, à me demander tous les jours des nouvelles de « mon Petit Prince ». Certains jours, attendant des nouvelles de Londres ou alors que je venais d'en recevoir, je dois dire que j'étais très heureux de pouvoir parler d'Alexander avec Éric, de pouvoir lui parler surtout de mes inquiétudes parfois. Puisqu'Éric travaillait dans le domaine médical, je me méfiais toutefois de certains commentaires qu'il pouvait me faire ; il y a des choses que je ne voulais pas entendre. Toutefois, il m'a souvent donné de bons conseils et, lorsque je les ai mis en pratique, je m'en suis porté mieux. J'aurais souhaité qu'il se décide à mettre en application certains conseils que je lui ai donnés ; il me disait que je devais avoir raison puisque les professionnels qu'il consultait lui disaient la même chose.

Depuis deux ou trois ans, nous plaisantions, avec un autre Éric, d'Aix-en-Provence ; nous parlions d'ouvrir à trois une auberge, en Provence, justement, pour profiter des talents culinaires de notre ami provençal. Ce n'était qu'un jeu, mais nous nous sommes bien amusés, sur MSN, à parler de ce projet.

Éric était un grand amateur de films ; je crois qu'il n'y en a pas beaucoup qu'il n'ait pas vus, soit au cinéma, soit dans son salon en dvd. Il y a quelques années, il a joué son propre rôle dans un film de Patrice Chéreau, d'après un roman de Philippe Besson ; il m'avait envoyé un exemplaire du film en dvd. Éric aimait la photo ; je me souviens notamment de très belles photos rapportées d'Écosse, puis de Norvège (dont la photo ci-dessus).

Je m'inquiétais donc de ne plus le voir sur MSN depuis quelques semaines ; je me disais qu'il me boudait peut-être parce que depuis qu'Alexander n'y vient plus pour m'envoyer les baisers du petit lapin, j'avais moins envie de me connecter sur MSN. Je me proposais de lui écrire ce matin pour lui demander de ses nouvelles. Avant même que j'aie eu le temps de le faire, alors que j'allais prendre mon petit déjeuner, j'ai reçu un courriel qui m'a inquiété avant même qu'il soit ouvert ; l'objet du message disait simplement : « Éric ». Le message venait de Denis, le voisin et ex-compagnon d'Éric ; il disait simplement qu'Éric était décédé au début du mois d'août.

Je ne connais pas la cause de son décès mais, quelle qu'elle soit, elle est liée dans mon esprit au grand vide causé par le temps des grandes vacances, à la grande solitude des villes désertées et des neurones au repos.

J'espère, cher Éric, que tu es en paix, que tu as trouvé la sérénité de ce grand lac de Norvège et que tu es bien entouré, dans l'amour et la lumière.

jeudi 3 septembre 2009

Septembre, enfin

Cette nuit, la Lune est dangereusement belle ! Je l'ai d'abord aperçue en début de soirée en voulant fermer les stores, au salon ; je l'ai observée plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière l'affreux hôtel d'une rue voisine, construction toute nouvelle et qui s'élève très haut dans le ciel, assez pour me cacher la Lune. Je suis allé la revoir quelques heures plus tard par la fenêtre de ma chambre et, au début de la nuit, je suis sorti devant l'immeuble pour aller m'entretenir face à face avec elle. Sa lumière était si vive que j'avais du mal à la regarder ; la grande beauté produit le même effet.

Je ne vais pas très bien. Cependant, ce début de septembre est magnifique ! L'air est frais et sec, avec une très légère brise. La lumière est si belle que l'on voudrait pouvoir la conserver toujours.

En faisant mes promenades quotidiennes, en septembre de l'année dernière, j'ai souvent fait ce même constat, en regrettant qu'Alexander ne puisse pas encore être là pour en profiter avec moi, comme il le voulait tant lui-même (c'est tout juste si sa valise n'était pas prête). L'an prochain, nous disions-nous. Je prenais des centaines de photos, souvent les mêmes avec des variations de lumière ; Alexander pouvait ainsi faire en pensée la promenade avec moi, en attendant de m'accompagner en personne, sa main dans la mienne... L'an prochain, disions-nous... Maintenant, je ne peux plus dire que ce sera l'an prochain, ni le suivant... C'est ce « jamais » que je trouve insoutenable !

lundi 31 août 2009

Pour se souvenir de Diana


Il y a aujourd'hui douze ans qu'elle nous a quittés. J'ai écrit l'an dernier un long billet pour rappeler ce que Diana représentait pour moi ; on pourra le lire ou le relire ici. Alexander en avait été très touché, m'avait-il dit à quelques reprises. Elle était ma princesse ; elle était la princesse de mon Petit Prince. Quand il avait aimé quelqu'un, il ne l'oubliait jamais, même très longtemps après sa disparition. Diana avait à jamais sa place dans le coeur d'Alexander ; Diana et Alexander auront à jamais leur place dans le mien.

Les princes William et Harry étaient âgés, respectivement, de quinze et treize ans au moment de la disparition de leur mère. On se souvient qu'ils ont longuement marché derrière le cortège funèbre qui avait quitté le palais de Kensington à 9 h 08. Le service funèbre, à l'abbaye de Westminster, a lui-même commencé à onze heures. Le prince Harry, qui pleurait abondamment, a eu un malaise et s'est effondré, d'un seul coup sans que personne puisse le retenir, exactement comme le Petit Prince avec le serpent dans le désert*.

Quand il est revenu à lui, il n'a trouvé un peu de réconfort qu'en entendant les paroles très émouvantes qu'avaient écrites Elton John et Bernie Taupin spécialement pour sa mummy, la princesse Diana, chantées par Elton John, paroles qui exprimaient parfaitement l'émotion ressentie à l'intérieur de Westminster Abbey, à l'extérieur, à Londres, dans toute l'Angleterre, dans le monde entier...

On peut voir et entendre ici (en vidéo sur le YTube) la chanson Candle in the Wind,

* Par discrétion, la BBC (télévision britannique) n'a pas montré ces images.


P.-S. : Depuis quelques jours, je voyais venir la fin du mois et je ne voulais pas arriver au 31 sans avoir souligné, même modestement, la disparition de Diana ; je planifiais mes activités de façon à garder un peu de temps pour rédiger ce billet (les plus courts ne sont pas forcément les plus faciles à rédiger). Sur un petit secrétaire ancien, dans un coin du salon ou je travaille, avec quelques objets qui me viennent d'Alexander et des photos de lui, j'ai, dans un cadre blanc, cette photo en noir et blanc de Diana accompagnée de William et Harry ; or, ce dimanche matin, j'ai constaté que l'image s'était déplacée dans le cadre et qu'il faudrait ouvrir le cadre et recentrer la photo. Ce petit événement m'a semblé un rappel amical au sujet de ce billet à écrire.

dimanche 30 août 2009

86 400 fois par jour...


Une journée, ce n'est toujours que 86 400 occasions de dire « Je t'aime » à celui qui m'inspire cet amour et qui m'aura aimé plus que tout et mieux que personne.

L'an dernier à cette date, il avait travaillé toute la journée puis il était rentré brièvement à la maison pour m'écrire quelques lignes, pour promener un peu Alexander Bull, manger une banane avec un peu de thé, avant de repartir travailler toute la nuit à l'urgence car l'un des médecins était malade et que, la fin de semaine, l'urgence est toujours très occupée. Il était désolé de devoir repartir car il avait attendu avec tant de joie ce moment de me retrouver. Il savait que je comprendrais et que je ne lui en voudrais pas ; je lui avais dit tant de fois que je ne pourrais jamais lui en vouloir pour quoi que ce soit, surtout pas pour faire ce qu'il aimait : sauver des vies, soulager des souffrances... Il m'envoyait plein de baisers et de câlins et il m'invitait à lui écrire plein de mots d'amour qu'il trouverait en rentrant.

Il faisait très chaud à Londres et, déjà fatigué, il n'avait pas le courage de marcher jusqu'au métro ; il se sentait coupable de prendre un taxi pour retourner au travail. Il allait pourtant travailler encore jusqu'au lendemain matin ; avant de rentrer, il irait rendre visite à sa grand-mère, dans le même hôpital.

Le lendemain matin, vers huit heures et demie, il rentrait à la maison, allait chercher Alexander Bull chez Abigail, il m'écrivait encore quelques lignes pour me dire son amour et me dire que je ne devais pas trop l'admirer, qu'il ne faisait que son travail... Il avait préparé du thé et attendait une voiture qui le conduirait dans sa famille, à la campagne ; il dormirait à l'arrière de la voiture, durant le trajet. Alexander Bull l'accompagnerait. Il voulait rentrer le soir même mais, s'il était trop fatigué, il dormirait là-bas et rentrerait le lendemain. Je lui manquais déjà beaucoup. Toute la journée, comme toujours, je penserais à lui en me demandant à chaque instant ce qu'il était en train de faire, sachant que cette journée serait éprouvante à plus d'un titre. Près de trente-deux millions de secondes plus tard, je revis pleinement les émotions de cette longue journée...

vendredi 28 août 2009

La fête des chauves-souris


J'ai découvert sur Sédiments, le blogue d'Elizabeth, que cette fin de semaine, en Europe, ce sera la Nuit de la Chauve-souris. J'igonorais qu'il existait une telle fête et je suis ravi de l'apprendre. Je ne sais pas si Alexander connaissait l'existence de cette fête mais je suis certain qu'il serait heureux de la souligner.

Cliquez sur les liens qui suivent pour connaître le programme des activités dans le cadre de la Nuit de la Chauve-souris en
France, au Royaume-Uni et en Europe.

J'ai laissé ce qui suit en commentaire sur le blogue d'
Elizabeth, mais comme elle est absente depuis quelques jours, sans accepter les commentaires, je me permets d'en reprendre le texte ici.

Quand j'étais enfant et au début de mon adolescence, à la campagne, il m'était arrivé quelques fois d'apercevoir des chauves-souris. En général nous en avions peur : on disait qu'elles s'agrippaient aux cheveux et qu'on ne pourrait plus les enlever, qu'elles suçaient le sang, etc. Je me souviens de la panique un soir où l'une d'entre elles étaient entrée dans la cuisine.

Je n'avais plus vraiment entendu parler de chauves-souris jusqu'à l'an dernier. Pendant que je parlais à Alexander, à Londres, il m'a plusieurs fois demandé de l'attendre deux ou trois minutes car une chauve-souris venait de tomber dans la cheminée de son salon. Chaque fois, il s'empressait de la recueillir, de la nettoyer avant de la déposer sur son balcon d'où, après avoir retrouvé ses esprits, elle pourrait s'envoler... Deux ou trois fois, il avait été très malheureux en rentrant chez lui car une chauve souris était tombée dans la cendre alors qu'il était absent ; il était arrivé trop tard pour la sauver.

J'avais suggéré à Alexander de faire installer sur le bout de sa cheminée, sur le toit, un grillage qui empêcherait les chauves-souris de tomber à l'intérieur. Il trouvait que c'était une très bonne idée... Malheureusement, pour elles, pour lui, pour moi, Alexander n'a pas eu le temps de faire installer ce grillage... Alexander était donc aussi l'ami des chauves-souris et de tout ce qui vit.

mardi 25 août 2009

Anniversaires

Il me semble que c'était hier... Il y a pourtant un an, le 25 août 2008, je venais à peine de me réveiller, j'étais en train de préparer mon petit déjeuner, quand le téléphone a sonné : c'était un fleuriste qui voulait vérifier s'il y aurait quelqu'un pour recevoir les fleurs qui m'étaient destinées. Après avoir confirmé que j'y serais, j'ai raccroché, en me demandant qui donc pouvait bien m'envoyer des fleurs. À vrai dire, je m'en doutais un peu. Mais quand, dans les minutes qui ont suivi, j'ai vu arriver toutes ces magnifiques roses, j'ai tout de suite su qu'elles étaient de lui.

J'étais si heureux ! Et j'avais si hâte qu'il rentre à la maison, après une longue journée de travail à l'urgence et quelques heures passées au chevet de sa grand-mère qu'il avait fait admettre à son hôpital et qui allait y passer quelques semaines au cours desquelles Alexander serait là, chaque jour avant ou après son travail. J'avais hâte de le remercier et, comme je savais que sa journée aurait été difficile, j'avais hâte de pouvoir lui redire combien je l'aimais et d'essayer de lui faire oublier la fatigue, l'angoisse... Je ne sais pas si j'y parvenais toujours, mais je suis sûr que ces quelques heures de conversation que nous avions pratiquement chaque jour étaient pour lui, comme pour moi, des rendez-vous d'amoureux plus importants encore que l'alimentation et le sommeil. S'il prévoyait être en retard, ne serait-ce que de cinq minutes, il trouvait le moyen de me prévenir.

Cette journée d'anniversaire, l'an dernier, aura donc été faite de joie, de moments de tendresse partagée, mais je ne peux pas m'empêcher de penser aussi combien cette journée avait été difficile pour lui ; même s'il n'en parlait pas, je sentais la fatigue, l'inquiétude, l'angoisse. Je sais qu'il aurait voulu que nous puissions célébrer mon anniversaire dans d'autres conditions. Et moi je n'aurais voulu qu'une chose : pouvoir le serrer dans mes bras et lui faire oublier toute sa peine. Cette année, il n'y aura pas de fleurs, il n'y aura pas d'anniversaire, sinon l'anniversaire de cet anniversaire. Je penserai à tout l'amour que j'ai reçu, à tout l'amour que nous avons partagé, en essayant de ne pas trop penser à tout ce que nous n'avons pas eu le temps de vivre ensemble.

Quelques jours plus tôt, Alexander m'avait envoyé de Bordeaux une
carte postale, la première qui me livrait son écriture. Il avait mis tellement d'attention, tellement d'amour dans le choix de la carte, le choix du timbre... Je savais que rien n'était laissé au hasard : le violet de l'image reprenant la couleur que j'utilisais en lui écrivant, le timbre illustrant la fondation de Québec, son écriture au stylo-plume Montblanc... Je me réjouissais d'avance de ces quelques jours qu'il allait passer à Bordeaux, en pensant au château où il irait rencontrer le châtelain, voir la vigne et acheter du vin ; il m'avait dit vouloir, si c'était possible, assister à un ballet... Mais ce séjour avait été rendu difficile par l'inquiétude que lui avait apportée dès le premier matin un appel téléphonique venu d'Angleterre ; il avait vécu cette journée dans l'attente et l'anxiété. Le soir venu, même s'il ne voulait pas m'en parler, car Alexander essayait toujours de ne pas « embêter » les autres avec ses craintes, ses préoccupations, il m'avait écrit une longue lettre pleine d'amour que j'ai relue ces derniers jours et qui, malgré tout, laissait transparaître sa détresse. La journée avait été difficile, il était inquiet, il se sentait seul dans cette belle et grande ville (où il voulait retourner avec moi) et il aurait tellement voulu que je sois là pour le serrer dans mes bras. Quand il pensait à moi, disait-il, il sentait la force et le courage remonter en lui. Oui, j'aurais voulu être là ce soir-là, et tant d'autres soirs.

De Bordeaux aussi, il avait expédié un colis qu'il avait apporté de Londres et qui m'était destiné. Le colis contenait de nombreux petits objets, absolument charmants, chacun plein de sens et exprimant tout son amour, mais il contenait surtout
un adorable petit lapin à qui Alexander avait expliqué qu'il allait faire un long voyage, traverser l'Atlantique, et qu'il serait reçu par « un gentil monsieur » qui allait l'aimer toujours et lui donner tous les jours plein de câlins. Ce petit lapin a toute une histoire qui mériterait à elle seule un billet, que j'écrirai peut-être un jour. Il évoque notamment cet autre petit lapin. Quand vint le temps de lui trouver un nom, j'ai suggéré à Alexander une liste de prénoms qui, bien entendu, devaient être des prénoms anglais. Parmi eux, il y avait celui de « James » ; immédiatement, Alexander m'a dit que mon lapin ne pouvait pas s'appeler James car c'est ainsi qu'il appelle son aspirateur. Finalement, j'ai retenu le premier prénom auquel j'ai pensé, le plus beau de tous : Alexander. Mon merveilleux amoureux était content de ce choix. J'ai relu il y a deux jours plus de deux cents pages de correspondance (pour le mois d'août 2008 seulement, sans compter les heures de conversation quotidienne) ; dans l'un de ses messages, Alexander disait qu'il était heureux que j'aie donné son prénom à notre petit lapin car ainsi, disait-il, « je serai toujours près de toi, avec toi ». Ces mots prennent aujourd'hui un sens plus dramatique que celui que j'avais voulu comprendre il y a un an. De toute façon, Alexander dort avec moi toutes les nuits et il est avec moi à chaque instant.

lundi 24 août 2009

Une surprise de taille

La nature réserve parfois de ces surprises ! À Pompéi, on était assez familier avec les tremblements de terre mais quand, le 24 août 79, le Vésuve a fait éruption, on ne s'y attendait pas : la précédente éruption remontait à 3 500 ans avant J.-C. (la mémoire étant une faculté qui oublie, il ne faut reprocher à personne de ne pas s'être souvenu...).

J'ai déjà évoqué sur ce blogue l'éruption du Vésuve tel qu'a pu la décrire un témoin privilégié, Pline le Jeune. En réfléchissant aux conséquences de l'éruption du Vésuve, je constate qu'il y a là une analyse sociologique à faire ; peut-être a-t-elle déjà été faite, d'ailleurs ; sinon, j'y renonce : donc si quelqu'un veut s'y attaquer je lui cède mon observation.

Pompéi était une riche cité romaine qui avait été reconstruite après le tremblement de terre de 62. Le port d'Herculanum, qui se trouve à trouve à proximité, est habité, lui, par des classes plus populaires et, par conséquent, moins riches. Lors de l'éruption du Vésuve, Pompéi, la ville riche, a été enfouie sous six mètres de particules de roches volcaniques, alors qu'Herculanum a été ensevelie sous seize mètres de boue. Par conséquent, la nature semble participer parfois à la lutte des classes et choisir son camp.

Au XVIIIe siècle, la charrue d'un paysan a permis de découvrir les vestiges des deux cités romaines ensevelies sous les cendres du Vésuve et les archéologues se sont vite mis à l'ouvrage. Plus tard, les artistes et les décorateurs français du Directoire et de l'Empire se sont grandement inspirés des trésors découverts à Pompéi et à Herculanum.


Les fouilles à Pompéi ont permis de mettre à jour de superbes fresques qui montrent la richesse des villas romaines de la ville. Plusieurs de ces fresques sont assez éloignées de ce que voudrait la morale actuelle, à caractère plutôt érotique. La première illustration ci-dessus en est un exemple. Alors que certains voudraient y voir une scène dramatique, une femme pleurant sur les genoux d'une autre, par exemple, il ne s'agit pas de cela du tout : il suffit de savoir que la personne assise n'est pas une femme, mais un homme et que tout le monde est assez dénudé. De plus, les deux femmes debout n'ont pas une attitude de femmes éplorées.


On s'est peut-être demandé à quel moment, dans ce billet, je parlerais d'Alexander. Le temps est venu. J'aurais pu associer Alexander à tout ce que j'ai écrit ci-desus car, comme le poète latin Térence, il aurait pu dire : « Je suis homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger » (je ne sais pas s'il aurait pu le dire en latin « Homo sum ; humani nil a me alienum puto », mais il l'aurait certainement dit en grec classique et en anglais). Toutefois, je pense à Alexander tout particulièrement en voyant certaines fresques de la Maison du Faune ; je sais qu'il aurait aimé aussi cette statue du Faune dansant, « petit chef-d'oeuvre de l'art statuaire antique », peut-on lire sur le site de Wikipédia.

L'image vient d'ici

Et puis, on retrouve Alexandre le Grand : « Il ne faut cependant pas oublier la mosaïque de la « Bataille d'Issos », conservée au musée archéologique de Naples[q 3], exceptionnelle par ses dimensions (elle mesure en effet 3,5 m. sur 6 m.) mais aussi par sa puissance expressive : on y voit une foule de soldats, de lances et de chevaux saisis au moment où Alexandre, désormais vainqueur et fier de ses troupes, s'apprête à infliger le coup de grâce à l'ennemi en fuite. Cette mosaïque constituait le pavage du tablinum », lit-on encore sur Wikipédia.

L'image vient d'ici

mercredi 19 août 2009

Fatigué !

Une courte pause
et je reviens.

lundi 17 août 2009

Un peu d'ombre sur le Soleil

La photo vient d'ici et la visite de ce site
vaut la peine : les photos sont magnifiques

Le 17 août 1661, Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV, mégalomane qui a peut-être inspiré un autre Nicolas contemporain, organisa à son château de Vaux-le-Vicomte une fête somptueuse qui fit de l'ombre à son patron, le Roi Soleil. Pour avoir fait de l'ombre au Soleil en voulant se mettre en lumière, Fouquet passa le reste de sa vie à l'ombre. Tant de splendeur, tant de richesses semblaient suspectes chez un ministre de Louis XIV qui lui-même n'en possédait pas autant. Le ministre fut accusé de détournement de fonds pubics et de lèse-majesté.

Certains l'aiment chaud

Certainement pas moi !


Température ressentie à Montréal : 41 degrés Celsius

La photo vient d'ici

dimanche 16 août 2009

La vie continue, vraiment ?

Ivan Kramskoy, Chagrin inconsolable, 1884.

Lorsque j'étais encore enfant, déjà, des personnes très proches sont disparues, un frère et une soeur, notamment. Ces dernières années encore, quelques amis sont décédés, ainsi que d'autres membres de ma famille, dont mes parents. Et pourtant, jamais je n'ai été anéanti comme je le suis maintenant par le départ d'Alexander.

Ce que je savais, c'est que le degré d'attachement à la personne qui disparaît détermine en grande partie la profondeur, l'intensité et la durée du bouleversement et de la douleur. J'en conclus que je n'aurai jamais vécu auparavant avec autant d'intensité ce qui me lie à Alexander.

Au chagrin s'ajoute maintenant l'anxiété. Je ne sais pas où j'en suis dans le processus du deuil, selon les cinq étapes (choc ou déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) identifiées par Elisabeth Kübler-Ross, mais ce que je sais, c'est que, par moments, c'est invivable !

Si l'on veut vivre seul ce long processus, ce cheminement pénible qui consiste à essayer de survivre à un tel déchirement, le mois d'août favorise grandement cette solitude en limitant les tentations de se laisser distraire puisque tout le monde est absent (ou écrasé par la canicule). Le désert a plusieurs dimensions.

Je demande pardon à mes quelques lecteurs, fidèles et autres, de revenir constamment avec ce sujet ; c'est ma réalité actuelle.